Un locataire peut-il demander un dpe en cours de bail​ ?

Vos factures d'électricité s'envolent et vous vous demandez légitimement si réclamer un dpe en cours bail est possible pour prouver la mauvaise isolation de votre logement ? Si le diagnostic est en principe annexé au contrat initial, sachez que vous gardez le droit de l'exiger ultérieurement pour contester la décence du bien ou geler un loyer injustifié. Nous vous expliquons ici comment utiliser la réglementation actuelle pour contraindre votre propriétaire à agir pour protéger votre budget énergie.

DPE en cours de bail : le locataire peut-il l'exiger ?

La règle de base : un DPE fourni à la signature

La loi est claire : le propriétaire doit fournir un diagnostic valide dès la signature du bail. Ce document s'intègre obligatoirement au Dossier de Diagnostic Technique (DDT). C'est une obligation non négociable pour le bailleur.

Oubliez le simple document informatif. Depuis le 1er juillet 2021, le DPE est opposable. Cela change tout : en cas d'erreur sur l'étiquette, vous pouvez désormais attaquer le bailleur en justice pour préjudice.

Quand la situation change : les cas où le locataire peut agir

Certes, le propriétaire n'a pas à fournir spontanément un nouveau diagnostic en cours de route. Pourtant, un droit du locataire existe. Certaines situations vous autorisent à exiger ce document.

Si le diagnostic est absent, périmé, ou si vos factures d'énergie explosent, réagissez. Vous pouvez alors légitimement demander un DPE en cours de bail. C'est souvent indispensable pour prouver la non-décence du logement.

La tacite reconduction du bail, un cas particulier

Distinguons bien : signer un nouveau bail impose un diagnostic frais. Par contre, une simple tacite reconduction ne déclenche pas cette obligation automatique. C'est une zone grise qui piège beaucoup de monde.

Mais ne vous laissez pas faire. Si vous le réclamez pour vérifier la décence énergétique, le propriétaire est tenu de fournir un DPE à jour. Le silence de la loi n'interdit pas au locataire d'agir.

Les motifs légitimes pour demander un nouveau DPE

Maintenant que l'on sait que c'est possible, voyons concrètement dans quels scénarios un locataire a toutes les cartes en main pour exiger un nouveau diagnostic.

DPE périmé ou manquant : un droit incontestable

Si le diagnostic est périmé, le propriétaire doit obligatoirement le refaire à ses frais. C'est une exigence légale non négociable.

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Date de réalisation du DPE

Date de fin de validité

Échéance d'interdiction à la location

Avant le 31/12/201731/12/2022 (Expiré)N/A
Entre 01/01/2018 et 30/06/202131/12/2024 (Bientôt expiré)N/A
Logement classé G10 ans (si après 01/07/2021)Interdit à la location dès 2025
Logement classé F10 ans (si après 01/07/2021)Interdit à la location en 2028
Logement classé E10 ans (si après 01/07/2021)Interdit à la location en 2034

Doute sur la décence du logement : le DPE comme preuve

La notion de logement décent inclut désormais un critère strict de performance énergétique. Un bien devient juridiquement indécent s'il consomme plus de 450 kWh/m²/an en énergie finale, ce qui correspond aux pires passoires classées G+.

Vous pouvez donc exiger un DPE pour prouver que votre logement est une "passoire énergétique" et ne respecte pas ces normes. C'est un argument massif pour forcer des travaux. Vérifiez les critères des logements interdits à la location pour situer votre bien.

Bloquer une augmentation de loyer : l'arme des passoires thermiques

Rappelons la loi : depuis août 2022, le gel des loyers s'applique strictement aux logements classés F et G. Aucune révision annuelle, ni augmentation au renouvellement, n'est possible pour ces baux. C'est une mesure radicale pour inciter aux travaux.

Si un propriétaire tente une augmentation sans DPE valide ou avec un diagnostic trop ancien, demandez immédiatement une mise à jour. C'est le levier juridique pour faire valoir vos droits et contester une augmentation de loyer abusive.

Comment agir concrètement en tant que locataire ?

Étape 1 : la démarche à l'amiable avec le propriétaire

Commencez toujours par le dialogue pour éviter les tensions inutiles. Un simple coup de fil ou un email courtois suffit souvent à débloquer la situation sans braquer votre propriétaire bailleur.

Si le silence persiste, passez à la vitesse supérieure. Envoyez une lettre recommandée avec accusé de réception pour formaliser votre demande. Ce courrier deviendra votre meilleure preuve juridique si le conflit s'enlise.

Étape 2 : faire réaliser un DPE soi-même, une fausse bonne idée ?

Vous avez parfaitement le droit de mandater un diagnostiqueur à vos frais pour vérifier la performance énergétique. Mais attention, ce n'est pas si simple. Certains professionnels refusent d'intervenir par peur des conflits, ou peinent à récupérer les documents techniques sans l'aide du propriétaire.

Ce diagnostic "privé" a une valeur surtout informative pour vous. Il ne remplace pas automatiquement le DPE officiel, sauf si vous l'utilisez comme pièce à conviction devant un juge. C'est une démarche à double tranchant.

Étape 3 : les recours en cas de refus du bailleur

Votre propriétaire fait la sourde oreille malgré vos relances ? Pas de panique, le tribunal n'est pas la seule issue.

  • Vous pouvez saisir la commission de conciliation : une solution gratuite et rapide pour trouver un accord amiable.
  • Le conciliateur de justice : une autre option de médiation pertinente avant de saisir la justice.
  • Le juge des contentieux de la protection : en dernier ressort, il peut être saisi pour contraindre le propriétaire à fournir le DPE, réaliser des travaux ou accorder une baisse de loyer.

Engager une telle démarche a des implications. Pesons le pour et le contre, et regardons ce qui se passe vraiment sur le terrain.

Demande de DPE : quelles conséquences réelles pour le bailleur et le locataire ?

L'obligation du propriétaire face à une demande justifiée

Si votre demande repose sur des bases solides, comme un diagnostic périmé ou un doute sur la décence, l'obligation du propriétaire est indiscutable : il doit payer et fournir le document. Ce n'est pas une option, c'est la loi.

Un propriétaire qui fait la sourde oreille joue un jeu dangereux : il risque une baisse forcée du loyer, des dommages et intérêts pour vos factures d'énergie, voire l'annulation du bail dans les cas extrêmes.

La réalité du terrain : ce que disent les tribunaux

Attention toutefois, la justice n'est pas un distributeur automatique. La jurisprudence récente montre que les juges sont de plus en plus exigeants envers les locataires. Ils réclament désormais des preuves concrètes et tangibles du préjudice subi.

Un DPE erroné ou manquant ne suffit pas toujours pour gagner. Vous devez prouver un préjudice réel, par exemple en comparant vos factures d'énergie avec les estimations théoriques. La jurisprudence récente de 2024 confirme cette nécessité de matérialité.

Vers un accès permanent au DPE pour les locataires ?

Le vent tourne. Le sujet est en pleine ébullition et la question d'un droit d'accès permanent au DPE pour les locataires est désormais clairement posée sur la table.

Des voix s'élèvent pour créer une obligation légale ou une base de données nationale, comme en témoigne une question écrite a été posée à l'Assemblée Nationale. Cela prouve que le cadre actuel est jugé insuffisant et pourrait bientôt changer.

En somme, le locataire est en droit de réclamer un DPE en cours de bail si la validité ou la décence du logement pose question. Toutefois, nous vous conseillons de privilégier le dialogue amiable avant tout recours. Besoin d'aide pour votre gestion locative à LilleWelfare Gestion reste à votre écoute.